jeudi 15 novembre 2012

La finance en guerre contre les travailleurs

          Le néolibéralisme financiarisé, mondialisé, globalisé, a étendu son emprise sur le monde, et sa domination totalitaire s'exerce à la fois sur les travailleurs, mais aussi sur les conditions démocratiques par lesquelles ceux-ci défendent leur liberté et leurs conditions d'existence. En clair, voici ce qu'est le combat de la finance : d'abord affaiblir les Etats dans leur expression décisionnelle démocratique, puis obtenir l'affaiblissement de toute défense du monde du travail, par la création d'un chômage de masse, là où les travailleurs ont les salaires et les couvertures sociales jugées, par elle, trop élevées.
           Les financiers, pour maintenir ou augmenter leurs "retours sur investissements", ont besoin d'une structure mondiale. Ce sera l' OMC qui assurera la bonne définition et le contrôle des règles et normes qui doivent autoriser strictement et rigoureusement en toutes circonstances, et partout, la libre circulation des marchandises et des capitaux. Ainsi, les financiers ont-ils constitué une armée d'oligarques dans le monde, et dans tous les Pays, personnages très riches et puissants, se connaissant et se fréquentant, capables par leurs contacts, d'apprécier le bon fonctionnement de la "machine à sous" et de veiller à l'excellence des bénéfices tirés, soit sur les entreprises elles-mêmes , soit sur les "marchés", et même sur les Etats.
          En outre, cette armée d'oligarques tient à sa disposition des bataillons nombreux et efficaces de cols blancs dévoués, dans les grands corps internationaux de gestion économique, d'évaluations, d'estimations, tels que l'ONU, l'UNESCO, l'OIT, l'OCDE, CNUCED, la Banque mondiale, le FMI, l'OMC bien sûr, le personnel cadre des grandes diplomaties mondiales, la BCE et les banques centrales des principaux Pays, les grandes compagnies d'assurances, etc…Tout ce personnel, se connaît, se fréquente, et partage l'ensemble des idées de leurs maîtres, desquels ils reçoivent revenus et avantages exceptionnels pour services rendus. ( voir le livre de Daniel Cohen, "l'Homo Economicus".)

          Il est maintenant évident pour tous que le pouvoir politique est soumis à cette oligarchie financière mondiale. Le but de celle-ci, par l'entremise de ses fonds d'investissements ou de pensions, de ses banques, des PDG d'entreprises, des actionnaires et leurs conseils d'administration, est d'augmenter ses "retours sur investissements", et, pour cela, de soumettre les travailleurs salariés au risque majeur du chômage de masse.
          Productivité, compétitivité, flexibilité, robotisation, informatisation, délocalisation, management moderne par le stress, attaque des trente cinq heures, tout est mis en œuvre dans un seul but : sortir le maximum de travailleurs du monde du travail, grossir le plus possible le chômage de masse. Celui-ci est devenu en effet, et de manière évidente un objectif, afin d'imposer par la peur aux travailleurs restés en poste, la soumission, la productivité la meilleure, les salaires les plus bas, la diminution des couvertures sociales, et d'obtenir des Etats la prise en compte de toute la souffrance et de toute la misère, qui accompagnent cette politique,  " "véritable guerre déclarée par la finance au monde salarié ".

          Cette guerre, contrairement à ce qu'on pourrait penser, n'engendre que faiblement la solidarité dans le monde du travail. Malheureusement, en effet, il semble que chacun se courbe et s'échine pour éviter d'être repéré comme élément séditieux ou faible, et être promis à la prochaine charrette pour le Pôle-Emploi. C'est le "sauve qui peut". Dans cette lutte contre le capital-finance, et pour le maintien de son emploi, chacun accepte assez bien que les syndicats ne s'investissent pas davantage pour un combat commun dans la solidarité. Chacun sa clientèle. C'est le chacun pour soi. Partout. La guerre de tous contre tous….: Le rêve pour la finance et les actionnaires. Mais…Quand ils auront vendu ou délocalisé tous les bijoux du monde industriel, ils passeront au "tertiaire". La récolte se poursuivra.

          Notre industrie qui a perdu 750.000 emplois ces dix dernières années, notre commerce extérieur, qui a accusé 70 milliards d'Euros de déficit en 2011. La faute à qui ? Bien entendu, les communicants de la pensée unique le savent : c'est le résultat de ce fameux manque de compétitivité. La faute de ces salaires trop élevés, de ces charges sociales trop lourdes…. Alors, les capitalistes-financiers exigent de l'Etat des crédits d' impôts, et les obtiennent sans engagement formel d'aucune contre-partie. Voilà encore l'effort demandé aux contribuables….comme toujours. Et ça marche….
          Mais on pourrait en bonne logique poser le problème du manque de compétitivité de notre production de manière différente : pendant que notre commerce extérieur se dégradait, comment les actionnaires ont-ils exercé leur responsabilité ? Dans leurs conseils, les administrateurs si qualifiés et si bien rétribués ont-ils conseillé à leurs mandants, des investissements afin de développer la recherche sur des produits vendables? Ont-ils demandé ou exigé des actionnaires des investissements pour l'innovation ? NON ! Rien de tout cela. Il a fallu que ce soit l'Etat qui mette en place une formule de crédit d'impôt pour la recherche. Les actionnaires se sont contentés de percevoir les dividendes. L'actionnaire d'aujourd'hui ne prend plus de risque, celui-ci doit être assumé par le contribuable. Monde idéal et béni pour le financier !!!

          Aujourd'hui, la guerre antisociale est arrivée à un tel paroxysme en France et en Europe du sud, qu' il n'est pas insensé de prévoir une révolte violente des classes populaires. Ce jour-là, il y aura beaucoup de monde aux fenêtres pour saluer cette revanche, ce sursaut de dignité d'un peuple de sacrifiés qu'on aura trompés, malmenés , martyrisés aussi pour nombre d'entre eux. Ce jour-là, il y aura aussi, des très riches aux grandes fortunes indûment amoncelées qui devront courir tremblants, se cacher dans leurs paradis fiscaux.
          Il y aura aussi, ce jour-là des élus cachant leur visage, lorsqu'on leur rappellera leur minable défense, invoquant l'impossibilité de connaître le peuple des villes et des régions, quand il s'était agi de limiter leur fonction élective à un seul mandat. Ce jour-là, le peuple ira également à eux, criant ses doléances, pour se faire bien connaître.

Livres: "Homo économicus" de Daniel Cohen.
            Et "Le nouveau gouvernement du monde" de Georges Corm.