vendredi 25 janvier 2013

Les vérités sacrées

S/titre: Les vérités acceptées sans démonstration .

          1917: Révolution d'octobre. Le socialisme, le communisme, le léninisme, le stalinisme enfin, sa dictature et ses goulags. La nomenklatura puissante et riche qui s'octroie les fruits de tous ses abus et détournements. Le peuple opprimé par un état totalitaire et policier dans l'URSS et ses vassaux, véritables colonies soumises au maître. Peuples malheureux, sans droits, de ce monde fermé, subissant les privations les plus extrêmes et les plus archaïques par un système centralisateur incapable, au milieu d'un monde ouvert en pleine révolution technologique, pris d'une folie productiviste et d'un mal nouveau: la consommation exacerbée par des publicités délirantes et excitantes.
          Et puis, Gorbatchev arriva et imposa la Glasnost. Début d'une timide ouverture sur le monde, laissant pénétrer en URSS un vent d'informations nouvelles, inédites, sur les merveilles du monde occidental, qui jusqu'ici ne filtraient que par bribes incomplètes, déformées, sous le manteau et sous la surveillance policière. La Glasnost engendra naturellement la libération et la décentralisation de l'économie, son ouverture au monde, et ce fut bientôt, la chute du mur de Berlin, la fin du cauchemar et aussi la fin du risque majeur de la troisième guerre mondiale, atomique celle-la, avec sa conséquence probable d'une hécatombe humaine sans précédent.
          Cette histoire terrible a engendré une croyance dans notre monde occidental, et cela depuis les années 1950, confortée par un fort courant de philosophes, sociologues, analystes médiatiques politico-économiques, déchaînés, répandant l'idée universelle, dogmatique aussi, qui deviendra, après Reagan et Thatcher, la PENSEE UNIQUE acceptée, reconnue par tous, et ne réclamant aucune autre vérification que celle, malheureuse, donnée par l'histoire :

" Le socialisme est une idéologie qui porte en elle les dérives inéluctables de la dictature totalitaire, des goulags, de la négation de tout humanisme et droit démocratique. "

          Mais voilà que le monde, depuis les nouvelles normes imposées par Reagan et Thatcher dans les années 1980, (celles du néolibéralisme, nouveau "Capitalisme Financier Mondialisé"), se trouve emporté par une nouvelle vague d'optimisme, (celle de la "mondialisation heureuse", (comme la proclamait le visiteur vespéral de l'Elysée Alain Minc), grâce au jeu de la concurrence du "tous contre tous", qui devait apporter à l'humanité, bonheur et prospérité dans un monde pacifié, où même l'Histoire devait disparaître.
          Chacun peut s'apercevoir aujourd'hui de l'inanité de cette prévision imbécile de mondialisation heureuse et de la constance obstinée des nouvelles Stars cathodiques, F.O.Giesbert, Fitoussi, Elie cohen, F.Lenglet, et tant d'autres encore pareillement formatés, à se faire les thuriféraires zélés du capitalisme financier mondialisé, devenu par la magie de leurs discours mille fois répétés, la vérité unique. Mais, voyons en quelques lignes où en est ce paradis proclamé et ce qu'il donne à voir :

· Des crises financières et systémiques périodiques que l'on fait payer aux travailleurs par le chômage et la précarité.
· La désertification industrielle de la France, où les financiers actionnaires ont préféré spéculer sur les "marchés", plutôt qu'investir dans l'innovation et la qualité des produits.
· Le chômage et la précarité devenus les armes du patronat et de la finance pour réduire toujours plus les salaires et les retraites.
· Les conquêtes sociales des travailleurs systématiquement rognées et remises en cause, les services publics sans cesse dégradés.
· La misère qui s'étale dans les rues, les sans abris blottis sous les porches et dans des cartons, les travailleurs et les retraités pauvres, les nouveaux pauvres, les familles mal logées entassées dans des taudis insalubres, les nouveaux glaneurs dans les champs, les fouilleurs de poubelles et ceux qui récupèrent les invendus pourris sur les marchés, les bénéficiaires chaque année plus nombreux des restaurants du cœur.
· Les familles chassées des centres villes et même des villes, réservées depuis quarante ans aux riches, pour satisfaire les affaires des promoteurs privés.
· Des études supérieures devenues si coûteuses que l'avenir de chaque jeune s'évalue strictement selon l'origine et la fortune de ses parents.
· La mise à sac des ressources naturelles au profit des maîtres, les nouveaux aristocrates.
· L'étranglement de la Démocratie par une économie financiarisée qui impose ses diktats et ses intérêts à tous les pouvoirs politiques du monde, où tout doit être objet de commerce, même la santé et la culture.

          On voit bien, par ces quelques exemples, c'est l'évidence, que depuis trente ans le néolibéralisme et son capitalisme financiarisé mondialisé n'ont répandu sur la terre aucun bonheur généralisé paradisiaque, mais plutôt l'injustice, devenue norme universelle. Ainsi, le capitalisme financier ayant repris sa guerre des classes dont il est, par sa toute puissance, le seul bénéficiaire, poursuivra ses destructions humaines et environnementales.
          Malgré ces évidences, si l'on n'y prend garde, les nouveaux hérauts, journalistes, économistes, messagers du capitalisme financier mondialisé persisteront à vomir sur les ondes et sur les écrans, leurs discours louangeurs de ce système, jusqu'à ce qu'il devienne la vérité unique, sacrée, que plus personne n'osera contester. LA PENSEE UNIQUE aura triomphé…. Comme autrefois le Stalinisme dans les Pays de l'Est.
         
          Mais, par une règle récurrente de l'Histoire, il arrivera, un jour, que ce néolibéralisme, qui a osé, impudent, construire son nom sur la racine du mot LIBERTE, sera démasqué comme un néoesclavagisme, imposant aux travailleurs une soumission totale, et la perte des libertés démocratiques et droits sociaux dont leurs aînés les avaient dotés par leurs combats.
          Cet esclavagisme qui cache son nom, sera bousculé, renversé par une révolte de masse lorsque celle-ci comprendra que la Démocratie ne peut être réelle, qu'étant à la fois politique, économique, sociale et culturelle. La nouvelle vérité, leçon de l'Histoire, sera, alors, reconnue par tous :

" Le capitalisme financiarisé mondialisé portait en lui toutes les dérives inéluctables d'un esclavagisme nouveau, négation de tout humanisme, et droit démocratique, politique, économique, social et culturel ."

Un livre : "Marx quand même" de Henri Pena-Ruiz.  ed.Plon.