mardi 8 décembre 2015

Le point de vue des faibles.(Extrait de "1984").



                Extrait de "1984". (roman de George Orwell.)
……Le but du groupe inférieur, quand il en a un ,-- ( car c'est une caractéristique permanente des inférieurs qu'ils sont trop écrasés de travail pour être conscients, d'une façon autre qu'intermittente, d'autre chose que de leur vie de chaque jour,) -- est d'abolir toute distinction et de créer  une société dans laquelle tous les hommes seraient égaux.
Ainsi, à travers l'Histoire, une lutte qui est la même dans ses lignes principales se répète sans arrêt. Pendant de longues périodes, la classe supérieure semble être solidement au pouvoir. Mais tôt ou tard, il arrive toujours un moment où elle perd, ou sa foi en elle-même, ou son aptitude à gouverner efficacement, ou les deux. Elle est alors renversée par la classe moyenne qui enrôle à ses côtés la classe inférieure en lui faisant croire qu'elle lutte pour la liberté et la justice. ……
……..Du point de vue de la classe inférieure, aucun changement historique n'a jamais signifié beaucoup plus qu'un changement du nom des maîtres……..

Finance triomphante et réalité.



                                    

Si en 1789, on s'était dit qu'on devait accepter la "réalité", et que la noblesse,  ses privilèges, ses lois, ses règles, sa dictature représentaient la réalité à laquelle personne ne pouvait échapper, alors, la République Française n'existerait toujours pas.
 Ce fut la gloire, la grandeur des géants de 89, de se libérer de cette emprise intellectuelle obscurantiste qui les soumettait à cette "réalité" d'alors, et de s'autoriser à imaginer la nouveauté, le rêve, la vie. Leur miracle est né d'avoir osé penser l'impossible, la liberté, l'égalité, le progrès social, la solidarité, toutes choses que la finance tend à restreindre aujourd'hui par la domination et les contraintes puissantes qu'elle exerce sur les personnalités politiques les plus hautes du Pays, au détriment criminel de la démocratie. 
Ainsi, toutes idées qui oseraient exprimer une autre politique que celle imposée par l'oligarchie française, européenne, mondiale, celle de la rigueur et des sacrifices, celle du chacun pour soi et du tous contre tous, seraient considérées par nos stars médiatiques et politiques, comme délirantes, car niant cette "réalité" indépassable. Le blocage intellectuel généralisé fait que le peuple accepte, apathique, ce système sans perspective autre que celle des 5 millions de chômeurs, des 9 millions de pauvres, des 17% de jeunes de 18 à 25 ans au chômage, celle des 150000 jeunes sortant de l'école, chaque année, sans diplôme et sans formation, celle des 3.5 millions de mal-logés, celle des étudiants sortant endettés pour 10 ans de leurs écoles, celle des services publics livrés au privé, et celle enfin qui verra les protections sociales des travailleurs réduites systématiquement années après années, par les attaques résolues et incessantes du MEDEF, représentant puissant et efficace des patrons, des banques et des actionnaires.
Voilà bien l'image d'une Société qui ne peut qu'encourager, parmi les "laissés pour compte", la débrouille, les trafics, la délinquance, l'insécurité, avec en réponse, la répression policière graduellement renforcée tant espérée par l'extrême droite.

Il existe également cette autre "réalité", mais historique celle-là, qui a vu , depuis 150 ans, le temps de travail quotidien, hebdomadaire, annuel, diminuer constamment , offrant aux travailleurs une meilleure qualité de vie, du temps libre pour leurs familles, pour des activités autres, intellectuellement ou physiquement enrichissantes, avec, en plus, pour tous, un niveau de vie qui n'a jamais cessé de s'améliorer, grâce au progrès scientifique et technique, augmentant sans cesse la productivité du travail. 
Il est temps d'oser repenser l'avenir. Il faut avoir la force et l'ambition d'inventer "Demain". Le partage des fruits du travail ne sera plus suffisant, il faudra partager le travail, pour éviter l'extrême désordre social et ses conséquences policières et politiques. 

                                                                                  Y.C. 

Fracture de la Fraternité




                    Fracture de la Fraternité.
Passé le drame du 7/01/15 et la magnifique démonstration du 11/01/15, on a pu lire dans tous les média, « Fracture ! », résumant ainsi la manifestation des nombreuses marques de soutien aux assassins constatées dans les écoles. Alors, la première réaction responsable que l’on doit avoir est de se demander d’où vient cette fracture. Est-elle seulement religieuse, formulée contre la laïcité, ou bien prend-elle sa source plus loin, plus profondément dans le fonctionnement économique et social de notre société.
Tout d’abord, il convient de fixer ce que l’on entend par NATION. Je pose, moi, que la Nation doit représenter une communauté de destin de tous ses citoyens. Et la citoyenneté implique déjà qu’ils communient dans la même foi et le même amour des  valeurs de la République : Démocratie, Liberté, Egalité des droits, Fraternité. Cette dernière, la fraternité, est justement celle qui subit aujourd’hui la fracture. Fracture entre les frères. On  peut l’expliquer  assez justement par un manque de ressenti d’un destin commun, d’espoirs partagés, de chances égales offertes dans la recherche de son avenir personnel. Or, la Société Française est devenue profondément inégalitaire...
Le fonctionnement de sa démocratie pose problème. On voit bien que dans tous les stades de son déroulement, ses élections, ses prises de décisions, le vote de ses lois, leur application même, l’intervention de lobbies très riches et très organisés, imposent par leur influence, la marque d’un dévoiement de la démocratie, de son sens et de son respect. En France, l’argent, s’il ne  peut pas encore tout, peut déjà beaucoup trop !
La lutte du Capital contre le Travail, n’est pas finie. On voit que le chômage de masse favorise l’augmentation des dividendes, et c’est ainsi que l’on verra se creuser au fil du temps, le gouffre qui sépare les trop riches des trop pauvres. Lorsqu’un ouvrier chômeur désespéré voit s’afficher les salaires des PDG, auxquels s’ajoutent les bonus, les stock-options, la retraite chapeau, et même une prime de départ, tous ces chiffres s’exprimant en millions d’Euros, on peut se demander où le chômeur pourrait aller chercher ses sentiments fraternels à l’égard de ces PDG voraces insatiables qui, en outre, affichent partout, une morgue de grand-seigneur.
Les rites de la République ne sont pas exempts de responsabilité dans cette situation de fracture. Les « très riches » arborent  souvent, au revers du veston, la légion d’honneur. Les citoyens, peuvent en toute bonne foi, se demander s’il ne s’agit pas là d’une distinction rituelle que les puissants se distribuent entre eux, pour mieux se reconnaître dans les cercles huppés. On reconnaîtra toutefois, que certaines personnes du commun peuvent aussi être distinguées de ce ruban rouge. Mais il s’agit toujours, immanquablement, pour des faits réellement  héroïques : militaires, policiers, sauveteurs et autres héros, qui, en général, ont risqué ou perdu la vie. Nuance !!!!
Fracture ! Rupture ! S’est-on suffisamment demandé si, l’école d’abord, et les responsables politiques du Pays, ensuite, avaient pris un soin suffisant à préserver dans les couches populaires, l’espoir des parents, des enfants, leur montrant que la République savait offrir à tous, l’égalité des chances, que l’effort, le travail et le mérite personnel, pouvaient être justement récompensés par la réussite.
Fracture encore, lorsque le Capitalisme financier et la Finance spéculative s’arrogent la possibilité d’accumuler capitaux et richesses sans fin, sans limites, en masses universellement mobiles, tenant le monde sous la menace de crises dangereuses et mortelles pour des populations entières. Fracture, par la transmission injuste des héritages. Fracture voulue par des riches qui vivent dans leurs quartiers, invisibles, mystérieux, qui s’amusent entre eux, se marient entre eux, s’isolent dans leurs châteaux, leurs hôtels-particuliers, pour vivre leurs rites, leurs coutumes, leurs « manières ».
Fracture, aussi, lorsque des promesses électorales importantes, capables d’apporter un réajustement modeste dans la répartition des richesses sont, au moment où les élus sont en situation de pouvoir les appliquer, oubliées tout simplement. Ainsi, oubliée la grande révolution fiscale, oubliée la taxe Tobin sur les transactions financières internationales, oubliée la chasse aux optimisations fiscales des grands groupes sous forme de prestations fictives avec leurs filiales établies à l’étranger.
Fracture enfin, montrant ces jeunes sortis d’un parcours scolaire chaotique, livrés à la rue et à ses trafics, fantômes nocturnes, ignorés, qui découvrent un jour, qu’en suscitant la peur, ils seraient vus, regardés, et reconnus.                                                                                      On peut s’arrêter là. Ces exemples sont suffisants pour montrer qu’il très difficile, impossible même, aux populations des classes populaires et moyennes de se sentir en empathie, ou en cohabitation fraternelle avec les seigneurs dominant notre monde, qui sont partout les maîtres, couverts par la tutélaire mondialisation néolibérale, et son OMC. Il ne reste aux peuples qu’à se tenir silencieux et obéissants, cherchant chacun pour soi, une relative tranquillité, sans nourrir d’espoirs insensés qui ne feraient que les affliger.
On ne peut  prédire ce qui se passera, demain. Chaque peuple réagit à sa manière, selon son courage, sa culture, son expérience, et son Histoire. La France, parviendra bientôt à la limite de sa résignation, de son indignation, et entrera dans les  turbulences de la révolte. Quand ? L’Histoire décidera….
                                                                       Y.C