lundi 30 juin 2008

Sociétés violentes ou apaisées

Il a fallu 60 ans pour construire l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui. Et encore n'est-elle pas achevée. Un grand marché existe, mais où en sont les harmonisations sociales et fiscales. Où en est l'Europe de la défense, de la recherche, de la politique concertée économique et industrielle, etc. On pourrait poursuivre ainsi la liste des chantiers à venir de cette Europe inachevée…après 60 ans.
Et puis voilà, qu'en moins de 10 ans, sous l'impulsion des U.S.A. et de l' O.M.C. dans un but louable de favoriser les Pays émergents ( mais aussi les groupes internationaux), la mondialisation brutale s'est imposée à tous. Cette rapidité, ce choc, ne pouvait pas ne pas provoquer un traumatisme profond dans nos économies confrontées sans préparation à une concurrence sans merci de Pays ( Afrique, Chine, Inde, Asie du sud- est ….) dont le niveau de vie et les salaires, étaient dans le rapport de 1 à 40, si ce n'est plus, comparés à ceux de notre population active. Deux effets se sont alors conjugués pour créer ce choc: D'abord les importations directes chez nous de produits venant de ces Pays dits "émergents", et puis, les délocalisations vers les Pays à moindre coût salarial. Ajoutez à cette jungle libérale sans régulations , sans garde-fous, la spéculation sur les matières premières et le fuel, et le tableau est complet.
L'impact en Europe et en France ( non préparée ) en particulier, s'est traduit par une vague de chômage, puis la crainte du chômage , qui ont mis les syndicats en position de défense, sans capacité de se montrer efficaces et crédibles. C'est ainsi qu'en l'espace d'une décennie, la proportion de smicards chez les Salariés Français est passée de 8% à 19%. Ce résultat navrant montre une compression drastique des salaires, mais traduit aussi, sans équivoque, que la classe moyenne Française a payé le prix de la mondialisation, sans que celle-ci montre avec évidence, le profit et le mieux-être qu'en ont tiré les populations miséreuses des Pays émergents et du Tiers-monde.
Or, dans nos Sociétés modernes, la classe moyenne joue un rôle indispensable. Elle donne une stabilité et un équilibre d'ensemble, évite les contacts et affrontements directs entre la classe des très riches , trop riches, et les laissés "pour- compte", très pauvres, trop pauvres. Ces affrontements directs sont toujours violents. La classe moyenne qui s'interpose dans le jeu social, a un rôle d'apaisement, sert d'exemple comme "possible", et comme source d'espérance pour les faibles : Espérance de l'ascenseur social.
Regardons les Sociétés des Pays Africains ou de l'Asie du Sud-Est, du bloc Arabo- Musulman etc , elles comportent encore des classes moyennes trop peu nombreuses, et les gouvernements évitent les affrontements par la mise en place de régimes stricts où la police, et quelque fois l'armée, joue un très grand rôle dans le maintien de l'ordre par le renseignement d'abord, et par l'intervention directe souvent.
Sans que cela semble avoir un rapport direct, le projet Français de réorganisation de l'armée et son budget, placent le renseignement en tête des préoccupations et lui attribuent une augmentation et un rôle primordial pour l'avenir, aussi bien pour mener avec plus d'efficacité ses actions sur les "opérations extérieures" que pour lutter contre le terrorisme. Cette mise en priorité de la recherche du renseignement n'est pas anodine. Tous les progrès obtenus dans la sophistication et le perfectionnement de ces moyens pourront sans difficulté servir aux services de police contre tout risque de désordre interne.
On n'en est pas là. Fort heureusement. Mais il est incontestable que notre Société déstabilisée par le traumatisme de la mondialisation, qui semble n'être administrée que par les grands groupes internationaux et quelques technocrates de haut rang impuissants politiquement, se montre de plus en plus violente. Certaines corporations et catégories de population, à très faible revenu, qui se lèvent tôt et travaillent "dur", sombrent dans le désespoir. Et le désespoir n'incite pas à la douceur des appels " au secours ".
Cordialement. Yves.

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