mercredi 15 août 2012

Philosophie et Politique

       Autrefois, il y avait une très grande proximité et même une filiation entre la philosophie et la politique.
       Le philosophe, le sociologue, étaient, par la profondeur de leurs études, les véritables inspirateurs des politiques qui trouvaient chez eux tous les ressorts qui font bouger, vivre, évoluer la société. Ses progrès ou ses blocages , ses travers ou ses qualités, ses manques et leurs effets, étudiés finement par eux, fournissaient aux Hommes et Femmes Politiques des idées prêtes à inspirer tout un corpus de règles, de lois, aptes à guider cette société vers un progrès profitable à tous, et y faire naître ou progresser une harmonie humaniste.

       Hélas, il y a longtemps que ce lien fécond entre Le philosophe et le politique s'est rompu. Pourquoi ? La société bouge-t-elle trop vite, sous l'effet des seuls politiques ? N'a-t-elle plus besoin d'inspirateur intellectuel ? Ou bien, les philosophes s'occupent-ils trop de politique eux-mêmes et s'attachent-ils à concurrencer les politiques en servant de "visiteurs du soir" aux monarques, et venant leur conseiller les bonnes guerres à entreprendre ? Ou bien encore, est-ce cette folie médiatique qui a submergé les écrans TV et qui fait le lit des communicants diserts et bavards, plus propices aux records d'audimats que les discours ardus des philosophes ? Bref ! Le politique lui-même a compris que de bons communicants et les enquêtes d'opinions étaient plus efficaces que les philosophes pour inspirer ses arguments électoraux.

       Mais, depuis la crise de 2007, les politiques ont senti à nouveau le besoin de penseurs d'un type nouveau pour venir les soutenir et les inspirer. Ils sont pour chacun d'eux, une sorte de béquille lui apportant toute une panoplie de ficelles prédigérées aptes à montrer aux électeurs que la situation est maîtrisée et que ces conseillers très savants au langage ésotérique et impénétrable sont là , prêts à lui fournir tous les outils utiles et nécessaires. Le bonheur des électeurs est assuré.!!!… Ces penseurs nouveaux sont, vous l'avez deviné, LES ECONOMISTES.

       Les économistes sont devenus les nouvelles stars des campagnes électorales. On les a vus partout, sur tous les écrans, entendus sur tous les postes, par dizaines, chaque jour, ces nouveaux histrions composaient à eux seuls des plateaux. Tous d'accord. Mis à part quelques nuances pour apporter du piquant aux débats, ils enseignaient tous la même bible, les nouveaux dogmes néolibéraux reaganniens et thatcheriens, dont la fondamentale mondialisation, indispensable au progrès des finances capitalistes , de leurs fonds d'investissements, de leurs "marchés" financiers et de leur libre circulation sans frontières.
       Ces nouveaux "philosophes", inspirateurs des politiques, se sont imaginés créateurs d'avenir et ont su rassurer un peuple ignorant et médusé. Ils servent même aujourd'hui de professeurs dans les Facultés et les Grandes Ecoles afin que leur bible et leurs dogmes se transmettent au mieux, à travers les siècles des siècles.

       Ainsi, les vieux inspirateurs Philosophes Humanistes qui étudiaient si profondément et si finement les mouvements des hommes, des sociétés et des idées, ont été remplacés aujourd'hui par des "têtes d'oeufs" qui ne savent étudier que les mouvements du Fric.

Un livre: "La voie" d'Edgar Morin. Ed.Fayard

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