mardi 8 décembre 2015

Fracture de la Fraternité




                    Fracture de la Fraternité.
Passé le drame du 7/01/15 et la magnifique démonstration du 11/01/15, on a pu lire dans tous les média, « Fracture ! », résumant ainsi la manifestation des nombreuses marques de soutien aux assassins constatées dans les écoles. Alors, la première réaction responsable que l’on doit avoir est de se demander d’où vient cette fracture. Est-elle seulement religieuse, formulée contre la laïcité, ou bien prend-elle sa source plus loin, plus profondément dans le fonctionnement économique et social de notre société.
Tout d’abord, il convient de fixer ce que l’on entend par NATION. Je pose, moi, que la Nation doit représenter une communauté de destin de tous ses citoyens. Et la citoyenneté implique déjà qu’ils communient dans la même foi et le même amour des  valeurs de la République : Démocratie, Liberté, Egalité des droits, Fraternité. Cette dernière, la fraternité, est justement celle qui subit aujourd’hui la fracture. Fracture entre les frères. On  peut l’expliquer  assez justement par un manque de ressenti d’un destin commun, d’espoirs partagés, de chances égales offertes dans la recherche de son avenir personnel. Or, la Société Française est devenue profondément inégalitaire...
Le fonctionnement de sa démocratie pose problème. On voit bien que dans tous les stades de son déroulement, ses élections, ses prises de décisions, le vote de ses lois, leur application même, l’intervention de lobbies très riches et très organisés, imposent par leur influence, la marque d’un dévoiement de la démocratie, de son sens et de son respect. En France, l’argent, s’il ne  peut pas encore tout, peut déjà beaucoup trop !
La lutte du Capital contre le Travail, n’est pas finie. On voit que le chômage de masse favorise l’augmentation des dividendes, et c’est ainsi que l’on verra se creuser au fil du temps, le gouffre qui sépare les trop riches des trop pauvres. Lorsqu’un ouvrier chômeur désespéré voit s’afficher les salaires des PDG, auxquels s’ajoutent les bonus, les stock-options, la retraite chapeau, et même une prime de départ, tous ces chiffres s’exprimant en millions d’Euros, on peut se demander où le chômeur pourrait aller chercher ses sentiments fraternels à l’égard de ces PDG voraces insatiables qui, en outre, affichent partout, une morgue de grand-seigneur.
Les rites de la République ne sont pas exempts de responsabilité dans cette situation de fracture. Les « très riches » arborent  souvent, au revers du veston, la légion d’honneur. Les citoyens, peuvent en toute bonne foi, se demander s’il ne s’agit pas là d’une distinction rituelle que les puissants se distribuent entre eux, pour mieux se reconnaître dans les cercles huppés. On reconnaîtra toutefois, que certaines personnes du commun peuvent aussi être distinguées de ce ruban rouge. Mais il s’agit toujours, immanquablement, pour des faits réellement  héroïques : militaires, policiers, sauveteurs et autres héros, qui, en général, ont risqué ou perdu la vie. Nuance !!!!
Fracture ! Rupture ! S’est-on suffisamment demandé si, l’école d’abord, et les responsables politiques du Pays, ensuite, avaient pris un soin suffisant à préserver dans les couches populaires, l’espoir des parents, des enfants, leur montrant que la République savait offrir à tous, l’égalité des chances, que l’effort, le travail et le mérite personnel, pouvaient être justement récompensés par la réussite.
Fracture encore, lorsque le Capitalisme financier et la Finance spéculative s’arrogent la possibilité d’accumuler capitaux et richesses sans fin, sans limites, en masses universellement mobiles, tenant le monde sous la menace de crises dangereuses et mortelles pour des populations entières. Fracture, par la transmission injuste des héritages. Fracture voulue par des riches qui vivent dans leurs quartiers, invisibles, mystérieux, qui s’amusent entre eux, se marient entre eux, s’isolent dans leurs châteaux, leurs hôtels-particuliers, pour vivre leurs rites, leurs coutumes, leurs « manières ».
Fracture, aussi, lorsque des promesses électorales importantes, capables d’apporter un réajustement modeste dans la répartition des richesses sont, au moment où les élus sont en situation de pouvoir les appliquer, oubliées tout simplement. Ainsi, oubliée la grande révolution fiscale, oubliée la taxe Tobin sur les transactions financières internationales, oubliée la chasse aux optimisations fiscales des grands groupes sous forme de prestations fictives avec leurs filiales établies à l’étranger.
Fracture enfin, montrant ces jeunes sortis d’un parcours scolaire chaotique, livrés à la rue et à ses trafics, fantômes nocturnes, ignorés, qui découvrent un jour, qu’en suscitant la peur, ils seraient vus, regardés, et reconnus.                                                                                      On peut s’arrêter là. Ces exemples sont suffisants pour montrer qu’il très difficile, impossible même, aux populations des classes populaires et moyennes de se sentir en empathie, ou en cohabitation fraternelle avec les seigneurs dominant notre monde, qui sont partout les maîtres, couverts par la tutélaire mondialisation néolibérale, et son OMC. Il ne reste aux peuples qu’à se tenir silencieux et obéissants, cherchant chacun pour soi, une relative tranquillité, sans nourrir d’espoirs insensés qui ne feraient que les affliger.
On ne peut  prédire ce qui se passera, demain. Chaque peuple réagit à sa manière, selon son courage, sa culture, son expérience, et son Histoire. La France, parviendra bientôt à la limite de sa résignation, de son indignation, et entrera dans les  turbulences de la révolte. Quand ? L’Histoire décidera….
                                                                       Y.C

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