samedi 7 janvier 2012

Le jeu : fonction sociale et but politique.

J'ai déjà parlé dans mon texte précédent de l'explosion des jeux dans la société française moderne et cela sur tous les media. Passons….

Le succès étonnant des jeux à promesses de gains d'argent, provient directement d'une profonde frustration sociale gagnant un très grand nombre de Français, qui ne considèrent plus le travail comme la source nécessaire et suffisante pour assurer les besoins essentiels d'une vie normale pour eux et leur famille. L'évolution de la société ayant montré depuis trois décennies que le travail n'offrait que faux espoirs et illusions déçues constamment aggravés par le spectacle éhonté et arrogant d'une caste oligarchique accaparant des richesses faramineuses prises sur celles produites par les travailleurs, il était normal que le peuple se tournât vers des sources d'espérances plus généreuses. Or, en terme de générosité, les jeux offerts par les média sont, pour certains, époustouflants. Quelques chiffres inscrits sur une grille et on vous promet un gain de plusieurs millions d'Euros !! Que rêver de mieux. Sans bouger de son fauteuil !!…
On ne dira rien sur le nombre de joueurs par rapport au nombre de gagnants, cela n'est qu'un détail, à côté de l'espoir glissé pour un soir ou deux dans le cœur des gens. Cet espoir, important, sert à faire patienter les malheureux et miséreux qui depuis longtemps ont compris que, même les revendications syndicales, menées par des organisations multiples et divisées, n'offrent depuis longtemps, que peu de résultats positifs, mais des déceptions nombreuses.
Et ainsi, l'idée même de révolte s'est perdue dans l'abêtissement du jeu.
La fonction sociale du jeu est atteinte : Le peuple joue, attend, patiente. Le calme social est installé définitivement.

Dès cet instant, l'apathie du monde du travail étant acquise, le pouvoir politique est libre. Libre d'amplifier sa dérive économique privilégiant une caste : Celle des fortunés, véritable oligarchie imposant ses désirs au pouvoir politique qui exécute ses ordres, et assure même sa reproduction par l'héritage et par la transmission du savoir.
Ce pouvoir systémique, renforcé, garanti par les jeux et les faux espoirs, maintient la classe populaire dans un état de prostration politique, qui lui interdit, à vie, tout espoir d'épanouissement humain. C'est le prolongement à travers les siècles de l'antique formule romaine : "du pain et des jeux", qui nous laisse penser, par ses exagérations modernes, que le pouvoir d'aujourd'hui est en train de s'économiser le pain.

On peut dire, pour conclure, que les jeux d'argent et les loteries sont, comme les drogues et l'alcool, un vice qui conduit aux pires addictions et devient un moyen infaillible pour réduire et affaiblir les défenses des classes populaires, des travailleurs, en leur ménageant de faux espoirs, ces vrais tranquillisants.
Le jeu d'argent est l'opium immoral et destructeur du peuple, qui finit par y perdre toute volonté et toute dignité. La voie est libre et dégagée, alors, au pouvoir financier dictatorial des "agences de notations" privées pour faire, à leur gré, monter les taux des emprunts obligataires des états, qui enrichiront sans limites les banquiers et leurs "marchés", et imposeront, en compensation, des cures successives de rigueur aux travailleurs . Les effets de cette escroquerie scandaleuse viennent s'ajouter encore à la désespérance du "peuple inférieur", --- comme l'appelait "George Orwell" dans son livre "1984"--- , qui ne peut espérer "aucun changement, que le changement du nom des maîtres".
Le but politique est atteint : Le pouvoir politique, élu par le peuple, n'existe plus !!!…

Comment s'étonner ,alors, qu'aux élections, ce peuple s'abstienne en grande masse, ou se réfugie dans un vote protestataire, celui de l'extrême droite dont il est incapable de mesurer, pour lui-même, les néfastes perspectives.

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