samedi 27 juillet 2013

Le hold-up du siècle.

          La part des salaires dans le P.I.B. n'a cessé de diminuer entre 1980 et 2010, jusqu'à atteindre -10%, selon l'OCDE(15). En cumulé ce sont 150% du PIB total de ces 15 Pays de l'OCDE ( environ 40.000 milliards de dollars pris sur les salaires), qui sont allés grossir les masses de capitaux voyageurs à vocation exclusivement spéculative qui vont eux-mêmes, à leur tour, se nourrir de revenus ou dividendes pris sur la part des salaires de ceux qui produisent les vraies richesses. Voilà le hold-up. (Voir livre de P. Larrouturou et M.Rocard).
          Pour la France, on peut considérer qu'elle se situe dans la moyenne de ces 15 Pays, la proportion reste donc valable, et c'est pour elle un total de 3000 milliards d' Euros environ ( 150% de son PIB), qui ont fait défaut à ses salariés sur ces 30 ans, ou, en moyenne, 100 milliards d'Euros/an, qui auraient dû aller nourrir l'économie réelle par la consommation.
          Au contraire, ces 3000 milliards d'Euros, subtilisés par la Finance, ont servi à la financiarisation de l'économie. Les capitaux se sont nourris exagérément de revenus et dividendes pris sur les salaires, et, afin d'assurer leurs meilleurs "retours sur investissement", n'ont pas hésité à mettre en péril l'existence même de nombreuses entreprises. Ainsi, bas salaires, délocalisations, désindustrialisation et chômage produiront stagnation , puis récession, et enfin, augmenteront encore déficits et dette de la France.

          Voilà, la boucle est bouclée et chaque fonds financier ainsi renforcé ou créé sera prêt à pomper éternellement de nouveaux capitaux par le biais des intérêts exigés de l'Etat sur l'achat de ses obligations, émises pour combler ses déficits mais en augmentant sa dette.
          C'est le mouvement perpétuel : système sans fin qui montre qu'aucune grande fortune n'est vraiment innocente d'un enrichissement sans cause, voire de détournement et accaparement de richesses. C'est dans ces montagnes d'Euros volés que le gouvernement de gauche aurait dû immédiatement, dès 2012, récupérer les 50 ou 60 milliards annuels nécessaires au redressement de ses comptes, au lieu de se soumettre à l'injonction de Mme Merkel et des agences de notation, instruments dociles, complices des "Marchés", qui exigeaient rigueur et austérité.

          On pouvait penser par la teneur du discours du Bourget que le gouvernement Hollande saurait se libérer de la dictature de la Finance et aurait à cœur de récupérer les sommes d'Euros détournés, trouvant ainsi, la solution à ce grave problème de dette et de déficits. Hélas, on observe, au contraire, que le "social-néolibéralisme" pratiqué, n'est que trahison du peuple, insidieusement noyé sous des justifications économico-financières fumeuses d'une élite technocratique acquise aux intérêts des grandes fortunes, formant une ploutocratie qui impose ses lois et ses règles, aux autorités politiques démocratiquement élues.
          Le temps passe, rien ne change. Les inégalités se creusent, la démocratie s'essouffle, et la République se meurt.
          N'est pas Roosevelt qui veut…Il y manque volonté, courage, et cohérence…



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